Avant-propos
Contexte économique et politique
La reprise économique dans la zone euro demeure fragile et contrastée en 2024 avec une croissance attendue de 0.8 % (contre 0.4 % en 2023) et une inflation réduite à 1.7 %, contre 0.8 % en Suisse. En réponse, la Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses taux directeurs de 0.25 point de pourcentage, ajustant ainsi sa politique face à des perspectives de croissance révisées à la baisse.
Après une baisse marquée de 4.2 % en 2023, la demande d’électricité montre des signes de reprise en 2024, portée par une reprise de l’activité industrielle et une augmentation de la consommation énergétique. Dans de nombreux pays européens, les réserves hydrauliques sont restées nettement supérieures à leurs moyennes à long terme, sauf en Suisse, où les niveaux des retenues, bien que plus proches des normes historiques, ont fortement diminué depuis novembre.
Malgré un hiver 2024 froid et peu venteux dans le nord-ouest de l’Europe, entraînant une forte demande de gaz pour l’électricité et le chauffage, ainsi que des retraits importants des stocks, le Cal-24 suisse a terminé à 76 €/MWh, contre 107 €/MWh en 2023. Les stocks de gaz de l’UE étaient remplis à 72 % en fin d’année, contre 86 % l’année précédente. Avec la fin des livraisons de gaz russe via l’Ukraine fin 2024 et des stocks de gaz européens plus faibles qu’en 2023, le marché du gaz reste très sensible à toute baisse d’offre ou hausse de demande, notamment en cas de froid. L’Europe, dépendante du gaz naturel liquide (GNL) et contrainte de s’aligner sur les prix asiatiques, ne prévoit pas d’approvisionnement supplémentaire à court terme. Cela devrait maintenir les prix du gaz et de l’électricité à un niveau relativement élevé.
En Suisse, une avancée majeure a été réalisée en 2024, avec l’adoption de la « loi sur l’électricité » qui ancre légalement les 15 (+1) projets hydroélectriques issus de la « table ronde sur l’énergie hydraulique » destinés notamment à développer la production d’électricité en hiver. Les ordonnances associées entreront en vigueur le 1er janvier 2025, avec un second volet prévu pour 2026. Un autre résultat notable pour la politique énergétique suisse est le rejet, en septembre 2024, de l’ « initiative biodiversité » dont l’adoption aurait compliqué, voire empêché, la construction ou la modernisation d’infrastructures énergétiques essentielles pour le pays. Le Parlement a quant à lui, poursuivi l’examen d’un projet visant à accélérer les procédures pour les installations d’énergie renouvelable, nécessaire pour mener à bien les projets hydroélectriques de la table ronde. Enfin, le Conseil fédéral a lui, lancé une consultation sur une loi d’accélération pour le développement du réseau. En parallèle, il a finalisé les négociations avec l’Union européenne sur un accord sur l’électricité dont l’objectif est de renforcer la sécurité de l’approvisionnement électrique, simplifier son négoce et garantir la stabilité du réseau.

Michaël Plaschy

Alain Sauthier
Avec l’entrée en fonction de Donald Trump à la présidence des États-Unis et les élections en Allemagne, le premier trimestre 2025 s’annonce crucial pour l’industrie énergétique. L’évolution de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ainsi que les incertitudes en Allemagne, joueront un rôle majeur. D’une part le sort du régime de soutien au marché des capacités, destiné à encourager les investissements dans des centrales à gaz pour l’hydrogène – essentielles pour stabiliser le réseau électrique – reste flou. Et d’autre part, cette incertitude pourrait retarder la fermeture des centrales au charbon, initialement fixée à 2030, afin d’assurer la sécurité de l’approvisionnement. Ces facteurs pèseront lourdement sur les marchés énergétiques européens et suisse.
Remerciements
Le Conseil d’administration adresse ses vifs remerciements aux collaborateurs d’Alpiq SA, des CFF et d’Hydro Exploitation SA, lesquels ont œuvré avec efficacité au bon fonctionnement de l’aménagement ainsi qu’à la gestion optimale de la société.